La Grésigne
Sommaire
- 1 Le Manuscrit de la Gresigne
- 2 La Grésigne
- 3 Le Covenant de la Verte Source
- 4 Monastère de Canimont
- 5 Le Val de la Plégade
- 6 Oppidum Saint Clément; Oppidum du Renard, Oppidum du Pech d'Aguzet, Oppidum du Cayralet
- 7 Belaygue et La Sagne
- 8 Peyro Signodo, Tombe de la Fage, Peyres dressées de Tonnac, Vindrac, Dolmen de Vaour
- 9 Bonhomme Bezu et l'igue de Bouyssouloum
- 10 Bonhomme Bezu et l'igue de Bouyssouloum
- 11 Val du Rô
- 12 La vallée du Cérou et la frange orientale de la Grésigne
- 13 La Vallée de l'Aveyron
- 14 Penne et son Rocher
- 15 Puycelsi
- 16 Larroque
- 17 Saint Antonin Noble Val
- 18 Bruniquel
- 19 Appendices
Le Manuscrit de la Gresigne
par Maitre Raoul Peyrenegre
La Grésigne est une région proche des Covenants de Louvaillac et Novel Esper. Ceci est une description de la région, et une aide de jeu.
Voici ici quelques extraits des Mémoires de sire Raoul, Merinitas de son état, ou il décrit avec verve sa région natale et alentours. La Grésigne représente une bonne partie des terres situées à l'Ouest de Toulouse. Le texte est également annoté par Goomitus, pour les questions techniques. Ceci pourra être utilisé comme decor dans votre saga, l'aventure ne manquant pas....
Préambule :
Cado terro, sa guerro.
Cado païs, soun bist.
Cado bilatge, soun lengatge.
Cado parsa, soun parla.
Cado maïsou, sa faïçou...
( Chaque terre, sa guerre.
Chaque pays, son visage.
Chaque village, son langage.
Chaque lieu, son parler.
Chaque maison, sa façon... )
"Le monde évolue vite. La guerre actuelle atteint dans leur essence même ces contrées que j'aime, où je vins au monde et que j'ai parcouru depuis mon adolescence. Face à l'adversité des jours présents, la beauté et la magie des terres que j'ai pu traverser me sont une consolation. Les Fades disparaissent mais leurs souvenirs hantent encore les lieux qu'elles ont habités de leur présence.
Avant de passer à mon tour dans l'oubli, moi, Raoul Peyrenegre de la maison Merinita, veux consigner par la plume ces réminiscences.
Un Quaesitor serait heureux en lisant ces lignes. Je suis Merinita ; le sang des Fades coule dans mes veines ; et suis natif de ce Comté. L'objectivité de ces écrits est donc parfaite...
La Grésigne
Si je dois parler d'un lieu qui m'est cher, c'est cette forêt qui m'a vu grandir. Ses arbres sont de haute futaie et leurs racines plongent profond dans la mémoire de la Terre nourricière. Le coeur de la Forêt, où les forces anciennes sont encore à l'oeuvre, est constitué par quatre dômes de roches rouges, dominant les combes humides où serpentent et cascadent les ruisseaux sourdant de maintes fontaines.
Chênes rouvres et Hêtres constituent les essences principales. Les moments les plus propices à la contemplation sont le printemps et l'automne. A l'heureuse saison, les jeunes feuilles d'un vert intense et frais contrastent gaiement avec la roche rouge, affleurant le long des ruisseaux. La fin de l'été voit la végétation se mettre à l'unisson de la terre et prendre alors la couleur du sang.
La Grésigne est habitée depuis longtemps par les hommes. Ils ont côtoyé des peuples plus anciens qu'eux, ont vénéré les mêmes arbres & sources, respecté les mêmes Dames et Seigneurs. La Selve est encore pleine du témoignage de leur passage fugace. Des pierres se dressent en maints endroits, au Verdier, à Tonnac, à Vaour...
De l'oppidum de Saint Clément : Il avait alors un autre nom, que l'Eglise et les envahisseurs ont depuis effacé - sont partis se battre les habitants contre la puissance de la Rome impériale. L'histoire des hommes est un éternel recommencement...
Il y a deux générations de celà, les habitants de la région vénéraient encore majoritairement les anciennes déités tutélaires de cette contrée. Les nombreuses grottes témoignent encore de leur foi. Aujourd'hui, seuls les forestiers les plus isolés et les vieux paysans reconnaissent la puissance des forces primaires. Cela n'empêche pas la plupart des habitants, en certaines occasions, de déposer quelques offrandes aux sources, arbres et pierres dressées de la forêt. Malheureusement, la duplicité de l'Eglise est telle, qu'elle s'approprie ces rituels immémoriaux.
La Cour Sombre de Grésigne domine le Val de la Plégade et son influence ne déborde qu'aux nuits les plus profondes de l'hivers, de la fête du Dieu Taureau à l'Imbolc. Durant ces nuits, le Sombre Veneur et sa meute courent alors à travers arbres et vallons, poursuivant une innocente biche à la robe immaculée, qu'ils finissent toujours par mettre en pièces. Quiconque contemple cette funeste chasse doit prendre alors garde à ne pas être surpris par l'obscurité dans la profondeur des bois, car il sera celui ou celle que traquera la Horde.
D'après mes Maîtres, le roi de cette Sombre Assemblée a l'apparence d'un puissant chasseur tout de noir vêtu, au visage invisible. Il n'est pas en guerre ouverte avec la Cour Blanche de Grésigne. Il revendique seulement la part obscure de la Nature et défend à sa façon cruelle la Forêt.
Le cercle de la Peyro Signodo est le coeur faérique de la Forêt, le passage vers les Terres Heureuses où règne le Roi Cantegaline. Nombreux sont les mages de la Source, qui au soir de leur vie, ont demandé asile au monarque à la voix chantante. C'est de la Peyro Signodo, au solstice d'été, que partent les folles processions du Beau Peuple, quand il reprend ses droits sur cette terre qui fut la sienne. Les bois sont alors emplis de rumeurs étranges, les arbres retrouvent leur parole et la Grésigne est toute tendue vers la vie.
La Grésigne est actuellement partagée entre les obédiences de l'Evêque d'Albi, suivant de Montfort et celle du bon Comte Raymon de Tolosa. Les croisés y ont stationné des troupes afin de couper les chemins forestiers entre les bastides fidèles à la cause méridionale et les villes turbulentes de Gaillac et de Rabastens, désormais sous le joug de l'envahisseur. Ces «miles christi» menacent ainsi les places fortes et les terres des vallées de la Vère et de l'Aveyron.
La Grésigne abrite aussi nombre de chevaliers occitans «faydits», qui profitent de la protection qu'offrent les sous-bois pour fondre sur les envahisseurs dans les contrées alentours. Ils sont soutenus par le seigneur de Penne et harcèlent les convois ennemis dans les vallées de la Vère, du Cérou et de l'Aveyron. Ils sont soutenus et ravitaillés par les paysans, mais ceux-ci subissent les représailles des troupes du Nord, nombre de hameaux et de fermes ont été brulés et leurs habitants massacrés.
Les Cours faériques de la Forêt, notamment le Sombre Veneur, s'impliqueront peut-être dans le conflit pour protéger la nature profonde de la Grésigne. Ils pourront, pour un temps du moins, redonner sa sérénité à la contrée. Ils risquent néanmoins de déclencher une réaction violente de la part de l'Eglise et des Templiers.
La région, fortement marquée par la présence des fées par le passé, possède en général une aura féerique de +1, (qui peut monter jusqu'à +5 en certains endroits spécifiques). Cependant, dès que de la magie est pratiquée fréquemment, cette aura chute à zéro avant d'être remplacée à long terme par une aura magique. La seule façon de la conserver est de conclure des pactes avec les fées des lieux, qui vivent le plus souvent dans des regios plus élevés. Cela a déjà découragé des jeunes covenants qui croyaient facilement trouver en ces terres des sources magiques abondantes.
Depuis peu, en plus des créatures féeriques que l'on peut exceptionnellement rencontrer sur les terres de la Grésigne, le voyageur malchanceux pourra se faire surprendre à la nuit tombante par ce que les habitants nomment les "neyg-nouez", ou nuages noirs. Se présentant comme des tourbillons de fumerolles d'un noir épouvantable, au sein desquels on distingue parfois des visages humains déformés par la douleur, ces choses semblent sortir de nulle part au crépuscule, et parcourir certains lieux isolés, précédées par un concert de cris étouffés et une odeur âcre de chairs brûlées. On découvre parfois leurs traces au petit matin, langues d'herbes noircies par une fumée grasse, ainsi que le malheureux voyageur, ou plutôt ses restes calcinés, qui s'est fait surprendre à la tombée de la nuit. Ceux qui on vu ces chose et ils sont rares (du moins les vivants) évoquent avec terreur leur expérience, mais ne citent en aucun moment la moindre sensation de chaleur... Des théoriciens de l'Ordre voient en ces créatures des congrégats d' âmes en peine, victimes de la terrible guerre qui fait rage à quelques lieux de là... D'autres penchent plutôt pour une émanation démoniaque, découlant de la haine qui fait se lever les hommes les un contre les autres. Maître Septimus a émis une audacieuse hypothèse: ces maelströms serait les élémentaires des bûchers cathares... Certains nécromanciens, dont Maître Occultus, donnerait beaucoup pour capturer et étudier de telles créatures.
Le Covenant de la Verte Source
Le Covenant de la Verte Source est adossé à l'un de ces dômes, abrité dans une des Combes du Pech d'Aguze et enserré par ses murailles de grès rouges. Il doit son nom à la Fontaine qui sourd en son sein. Des Mages s'y installèrent à la suite de divers ermites et y construisirent de belles bâtisses, lovées autours de la vasque naturelle, dans laquelle se jette en cascade le Riou de la Font des Azes. Ils aménagèrent les abris sous roche en cellules pour leurs études. Au plus haut de son rayonnement, La Source abrita jusqu'à six mages et leurs suivants. Il était le point de ralliement de tous les Merinitae des comtés de Toulouse, d'Aquitaine et de Carcassonnes. Sa bibliothèque était réputée, recelant de tomes sur les Fades, leurs histoires, leurs manifestations et sur les merveilles de la Nature.
Le souvenir d'une Numina des Eaux, maîtresse des ruisseaux et de la forêt expliquait cette forte présence des Servants des Fades. A mon époque, elle était depuis longtemps passée. Elle habitait la vasque sous le surplomb de la falaise et ses cheveux avaient la couleur de cette terre, disent les Anciens. Les offrandes gisant au fond du bassin témoignent de l'adoration de son peuple. Les eaux gardent encore une trace de sa bonté, quiconque s'y immerge peut espérer voir ses maux guéris et ses préoccupations éloignées, pour un temps du moins.
Les mages confiaient à l'onde divers objets qui se couvraient au bout de quelques semaines de surprenantes concrétions. Nous récoltions ainsi du Vis Terram, Herbam et Aquam. Lors de mon apprentissage, seul Roger Verteplanque -mon Magister-, était réellement actif. Deux Magi étaient quasiment en Twilight de façon permanente et tenaient des propos incohérents les rares fois où ils émergeaient de leur catatonie. Après mon passage, j'appris qu'une jeune mage du nom d'Ysarn ou Isard séjourna à la Source et participa à la vie du Covenant. Je ne connais rien des derniers instants de cette assemblée.
La Source est désormais occupée par la soldatesque de l'Evêque d'Albi, à la solde de l'envahisseur. Je doute que ces lieux magiques conservent encore longtemps leur nature faérique. Bouter hors de cet endroit ces porteurs de fer et de croix serait une action louable et charitable.
Il y a de cela quelques années, le covenant de la Source a vu tous ses membres se volatiliser comme par magie (c'est d'ailleurs sûrement le cas)...La Source, covenant d'hiver, plein de vieux merinitas parfois plus obtus qu'un fantôme criamon, était assez peu visité car ses membres se ne se mêlaient que rarement des affaires de l'Ordre et du Siècle. Depuis quand avaient ils disparu quand Raoul découvrit le lieu désert, nul ne le sait. L'Ordre mit, avec sa lourdeur administrative, plusieurs mois à s'occuper de l'affaire, et entre temps, le lieu avait été occupé par une forte troupe croisée...
Le débat fait encore rage dans le Tribunal pour décider de la marche à suivre: chasser l'envahisseur ou oublier le lieu. En effet, une imposante garnison est fortifiée dans ce lieu pourtant peu stratégique. Il semble que les armées du nord gardent ici des troupe fraîches en vue des offensives à venir. Une attaque frontale de la part de l'Ordre est pour la plupart inimaginable, et il n'y a plus de seigneurs occitans assez puissants pour reprendre le lieu. Il semble aussi que les Templiers aient déjà projeté de racheter le lieu, et que de nombreux hommes à eux assistent la garnison.
Il n'y a plus d'Aura, et la source a perdu toutes ses vertus, ce qui freine les ardeurs des mages les plus turbulents car, le mystère reste entier quant à cette disparition. Les membres de la Source sont ils passés en Arcadie, ont-ils été victimes du Sombre Veneur ou bien ont ils colonisé un Regio inaccessible ? Toujours est-il que les ressources en Vis (nombreuses) de la Source restent à prendre... La plupart restent inconnues, et de jeunes mages aventureux ont été vus traînant dans les rocailles alentours en quêtes de Vis faciles...
Monastère de Canimont
Ce monastère en ruine fut habité un temps par une assemblée de moines que leur foi douteuse et leurs moeurs dissolues transformèrent en proies faciles pour les très anciens Maîtres de la Selve. Ces curaillons entreprirent de faire commerce des trésors de Grésigne, ce afin d'assouvir leurs besoins en vins fins de Gaillac et en Dames à la jambe légère, qui pour venir en ces lieux reculés, se faisaient payer en monnaies d'or sonnantes et trébuchantes.
Il advint que ces tondus entreprirent de vouloir tomber six augustes et antiques chênes, fiertés de la forêt, aux pieds desquels les Seigneurs et Dames du Beau Peuple dressaient de fabuleux banquets en des jours plus heureux. Ce faisant, ils commirent un horrible crime qui attira l'ire du Seigneur de ces lieux. Le soir même où fut abattu le plus vénérable de ces arbres, le Sombre Veneur et sa Cour prirent possession du monastère que la Foi avait déserté. Les moines furent dépecés par la horde, les bâtiments mis à bas et Canimont sombra dans l'oubli.
Dès lors, les cinq chênes donnèrent des glands étranges parmi ceux plus habituels que nous ramassions pour leur vis Herbam. Certains d'entre eux sont à la semblance du visage de ces moines dévorés par les Chiens du Sombre Veneur. Ils sont une source de vis Corporem et leur proportion en est d'un pour dix.
Je suis revenu dernièrement avec mes compères à Canimont, afin d'en prendre possession en tant que dernier membre de La Verte Source et au nom de Louvaillac. Il était malheureusement occupé par des soldats de l'Evêque. Ils avaient déjà abattu deux des cinq chênes restant pour construire une masure dans les ruines du cloître et une affreuse machine de guerre. Nous les avons exterminés. Notre stupeur fut grande lorsque nous constatâmes que la catapulte, faite du bois faerique de ces chênes, était d'essence démoniaque. Elle nous fit une démonstration terrifiante de sa puissance en écrasant sous une souche lancée celui qui fut -peut-être- son créateur. Il semble qu'elle ait été détruite en glissant au fond du ravin. J'ose espérer que c'est le cas. Nous n'avons pas éclairci ce funeste mystère.
Canimont ne compte désormais plus que trois des arbres séculaires. Ils me sont chers.
Le Monastère a été déclaré officiellement source de Vis de Louvaillac, mais étant isolé et visité seulement 2 fois par an, il peut être la proie d'un jeune covenant isolé. L'ensemble des fortification a été sévèrement abîmé, pour éviter que des soldats ne s'y réinstallent. Issart et son verre bleu
Il est au fond du Val de Beudes, serpentant entre deux dômes, à la lisière du causse, une antique verrerie, dont les délicates carafes bleutées ornaient les tables du Covenant de la Source. Mes maîtres s'en servaient tant pour les repas que pour leurs préparations thaumaturgiques.
Il est dit que ce verre aux subtils reflets bleus était l'un des présents favoris de la Dame à la Rouge Chevelure. Il est vrai qu'il était doux à mon Magister de siroter son eau de vie dans une de ces coupes. Plus prosaïquement, j'ai pu constater lors de mon apprentissage, que ces récipients étaient particulièrement propices aux études de sorts liés à l'élément liquide. Ils étaient recherchés par mes maîtres principalement pour cette vertu. Ils en échangeaient quelques uns contre des ustensiles de laboratoire dont nous ne disposions pas à La Source.
Je suppose que la soldatesque a dû briser les quelques flacons qu'elle a pu trouver, à moins qu'ils aient été accaparés par les laquais de l'Evêque. J'ignore s'il existe encore quelques verriers capables d'utiliser les fours d'Issart et de fondre les sels de cette Terre pour en donner ces merveilleuses pièces.
Si un covenant chanceux pouvait mettre la main sur l'ensemble vaisselier qui fut découvert à la Source par les soldats de l'évêque d'Albi, et qui ont dû finir comme cadeaux à quelques nobles normands, il pourrait bénéficier d'un bonus de +1, qui s'applique au labo contenant les délicates pièces. Ce bonus passe a +2 pour toute étude ou création sur de l'Aquam. Un seul récipient en verre d'Issart permet d'ajouter +2 au jet étude de Vis brut de l'élément Aquam. Une fiole ou autre objet en verre d'Issart voit son total de point de magie que l'on peut investir pour enchanter le dit objet multiplié par deux, si les sorts sont relatif a l'Aquam.
Le Val de la Plégade
Le Val de la Plégade, dominé par l'Oppidum de Font Frède, est le coeur noir de la Forêt de Grésigne. C'est au fond de ce vallon humide, une nuit d'hiver, que j'ai passé avec succès mon épreuve pour m'affranchir du statut de simple apprenti. Aux moments de l'année où les Anciens Dieux reprennent leurs droits, jaillissent des profondeurs de la Combe, les forces sauvages de la Nature et de la Sombre Cour. Elles n'ont que faire des réalisations éphémères des hommes et des douces amourettes du Beau Peuple. Elles sont depuis des éons et les ossements que l'on découvre au pied de l'Oppidum, dans les fondrières, rappellent les liens ancestraux de vassalité entre les Enfants de Dieu et le Seigneur de la Nuit.
J'ai contemplé dans toute sa puissance la Horde et j'ai senti sur ma nuque le souffle glaçant de ses mâtins. Je suppose que si je n'ai pas servi de proie à la Meute et de jouet à la Sombre Cour, je le dois à la Sage Femme de Belaygue, qui me donna un charme me préservant de ce funeste destin.
Le Val de la Plégade est néanmoins un intéressant endroit qu'il convient de fréquenter de la fin du printemps au début de l'automne. Les mages y envoyaient souvent les Sodalis ou leurs enfants ramasser plantes et champignons pour leurs préparations. Le vis Perdo dominait dans le produit de ces cueillettes. Dans le temps, il arrivait parfois qu'un chasseur ou un enfant disparaisse aux abords de cette rigole humide et fangeuse.
Le Noir Veneur, qui semble être l'une des entités les plus puissantes de la région, a fait l'objet de nombre de théories et de conjectures, de la part des Mages comme des habitants du lieu. Pour la plupart des Merinitas, il est clair que c'est une Fée Noire, sanguinaire par nature; pour d'autre, c'est une créature du Malin, qui se repaît des âmes et profite de la faible évangélisation de la région.
Un Mage de la Source, Ywan, a mené des recherches approfondies sur le sujet. Les seules notes que l'on connaît concernent ses Mâtins, énormes créatures de la taille d'un veau, d'un noir teinté de pourpre... Capables de traquer sans relâche les victimes du Veneur dans la campagnes, il parait même qu'elles puissent traverser les murs sans difficultés. Ywan fut trouvé mort d'effroi alors qu'il terminait le "Livre des Noirs Secret du Veneur", dans son laboratoire au sein de la Source et ce malgré un Aegis très puissant.
Le Livre fut enfermé loin des regards et n'a pas été retrouvé. Peut être est il en circulation dans l'Ordre. Il semble pourtant que les zones de Dominion puissent protéger des Mâtins, comme l'illustrent de nombreux contes. On trouve dans la campagne de modestes chapelles, anciennes et qui sont pourtant entretenues malgré les convictions païennes de la plupart des habitants. A mots couverts, ils admettent qu'elles pourraient être des refuges pour ceux qui se font surprendre par les chasses du Noir Veneur.
Oppidum Saint Clément; Oppidum du Renard, Oppidum du Pech d'Aguzet, Oppidum du Cayralet
Rien ne distingue désormais ces antiques places fortes du sol sur lequel elles ont été érigées. Elles se fondent dans la terre et la roche, couvertes par la végétation et peuplées seulement par la gent trotte-menue. Le plus important d'entre eux est celui de St-Clément, situé en plein coeur de la forêt, dont les vieux chênes sont couronnés de gui.
Pourtant, l'existence de ces chicots surgis des temps immémoriaux, où la Forêt originelle couvrait le pays et abritait ses habitants en son sein, était pour les habitants de La Source un prétexte à l'étude et à la méditation. Nous nous rendions, chaque année, au sommet de ces tertres et nous célébrions seuls un repas sous les étoiles en mémoire de Ceux Qui Ne Sont Plus et de leur alliance avec les Fades.
Plus jeune, mes maîtres m'assuraient qu'ils avaient eu des visions et des révélations lors de ces agapes. Ils parlaient du combat qu'avaient mené les Peuples de la Forêt contre l'envahisseur venu de par delà la Neyre Montagne, de ses légions harnachées de fer, écrasant les hommes brandissant le bronze de leurs pères. Ils évoquaient les côteaux se couvrant de vignes aux confins de Grésigne et les Cités prospérant dans la vallée du Tarn.
Ces visions, je ne les eues qu'une fois, après mon épreuve, alors que je m'apprêtais à quitter la Selve protectrice. Les motifs familiers, évoqués par mon Magister, m'apparurent alors. Pourquoi ce thème si récurrent de la fin d'un monde par le fer, le feu et la houe ?
Belaygue et La Sagne
A Belaygue vivait du temps de ma jeunesse La Sagne, femme entre deux âges, à qui je dois ma survie lors de mon épreuve au fond du Val de la Plégade. Elle exerçait dans les hameaux et fermes alentours ses talents de Sage Femme et de guérisseuse. Connaissant les propriétés de la vasque de la Source, elle nous rendait souvent visite avec ses malades. Mes maîtres lui permettaient d'entrer à sa guise. Je sus plus tard pourquoi.
Je fis sa connaissance lorsqu'elle me surprit, contemplant la nudité d'une paysanne, venue chercher une délivrance sans péril dans les eaux de la fontaine. J'en fus quitte pour quelque dysfonctionnements corporels que je tairais ici et un regard noir qui ne me quitta pas de si tôt.
Je finis par gagner son amitié et je compris alors les liens entre notre covenant, ses maqes et La Sagne. Celle-ci connaissait la nature des habitants de la Source, mais ne s'en formalisait pas. Elle se gaussait de nos habitudes compulsives et m'interrogeait sur ma présence dans cette maison de vieillards cacochymes et originaux.
Elle pouvait se permettre cette familiarité avec d'autant plus d'aisance qu'elle avait oeuvré maintes fois au service des Dames du Beau Peuple pour les aider à enfanter. Mon Magister l'interrogeait souvent sur la société et les moeurs des Fades, mais il était alors en butte à ses rebuffades, moquant en lui le puissant mage consultant une humble sage femme.
La Sagne possédait un petit troupeau de cochons qu'elle laissait pâturer sous les arbres. Ces animaux étaient renommés dans toute la contrée pour leur fertilité et leur résistance aux maladies et intempéries. Elle troquait avec un flair certain ses bêtes. Je pense qu'elle n'était pas seule à s'en occuper.
D'elle, j'appris beaucoup, tant sur les hommes que sur les Fades. Le méreau en argent qu'elle me donna la veille de mon épreuve me gagna la vie, épargné par la Horde. J'espère qu'elle vit encore et j'enjoinds tout mage suffisant à lui payer une visite de courtoisie.
La Sagne fait partie de ce que l'on nomme les Rebouteux - ( "cunning folks" dans le supplément Edge Magic d'Atlas). Un mage pourra être étonné de l'entendre causer d'accouchement... Les fées peuvent donc avoir des enfants ? La réalité est plus complexe. En ces lieux vivaient autrefois des seigneurs tellement nobles et beaux, tellement instruits et cultivés que la Cour Blanche de la Grésigne les fit enlever pour qu'ils deviennent leurs champions et leur jouets. Mais séduits par leurs coeurs et leurs esprits, les Nobles Fades conclurent des alliances de corps et il en résulta une lignée de créatures ni tout à fait d'Arcadie, ni tout à fait du Siècle. Cette famille se développa dans le regio, mais est la victime du racisme, des hommes comme des fées. La lignée menace de nos jours de s'éteindre et pourrait bien chercher auprès de jeunes mages une nouvelle jeunesse..
Peyro Signodo, Tombe de la Fage, Peyres dressées de Tonnac, Vindrac, Dolmen de Vaour
Aux creux des vallons, aux sommets des Pechs se dressent ou gisent de grandes pierres moussues. Parfois, l'on distingue quelques motifs obscurs, que même nous, Mages, avons du mal à interpréter. La découverte de ces témoignages d'un temps révolu constituait l'une des initiations aux mystères anciens prévues par mon Magister. Je l'ai accompagné et par la suite ai effectué seul la marche entre les différents sites mégalithiques de la Forêt.
Aux moments propices à l'épanchement des forces vitales de la Nature, j'ai parfois pu trouver de menues offrandes à leurs pieds. J'ai rendu à mon tour hommage à ces antiques pierres, conjurant la vision d'anciennes processions, où se mêlaient hommes, bêtes et Fades.
L'ensemble de ces sites est fortement marqué par l'influence féerique (avec une aura de +2 a +5 selon les dates). On suppose qu'il existe en ces lieux de très puissants regios, dont certains donneraient accès, non à l'Arcadie mais aux demeures des Dieux des Anciennes religions.
Mobius, de la maison Criamon a élaboré une théorie complexe de mondes miroirs, où l'Arcadie ne serait qu'un reflet de plus de l'Enigme, la forme originelle. Dans sa théorie le Paradis, l'Enfer, Arcadie ou le Valhaha ne seraient que des reflets d'un lieu parfait qui servit le centre de l'Enigme... Le mages les plus instruits le traitent de plagiaire de Platon, alors que les plus pieux en appellent à l'hérésie.
Pendant certaines nuit païennes, on raconte que d'anciennes et très puissantes créatures se voient autoriser le droit de retourner sur terre pour quelques heures. Les Archives de la Source montrent qu'à sa fondation, de jeunes mages plein de fouge décidèrent de rentrer en contact avec ces entités; mais à la sixième disparition, le covenant interdit de telles études.
Derrière le Dolmen de Vaour se trouve une doline dans laquelle pousse un pin aux formes tortueuses, dont les pignons affolent oiseaux et écureuils. Au pied de cet arbre, se dresse un doigt de roche blanc et filandreux, alors que dans le sol alentours s'ouvrent des crevasses.
Cet endroit est sous la protection d'une hamadryade, à l'apparence d'une vieille femme toute courbée. Elle veille sur le Dolmen où sont ensevelis une famille royale des temps d'alors, dont la pierre tabulaire a été brisée par les Templiers de Vaour. Elle est méfiante et ne se montre que rarement. Elle est curieuse des nouvelles de la Forêt et des derniers agissements de ses habitants. Elle dispense avec générosité ses pignons mais monnaye fort cher les fragments de son minéral blanc (vis Terram) et malheur au voleur.
Il est dit que les Anciens ne lui confièrent pas seule la garde du tombeau. Pour lui tenir compagnie à travers les âges à venir, il lui donnèrent un frêre. Dans la dépression poussait donc un robuste chêne. Celui-ci, majestueux, fut tombé pour servir de poutre maîtresse dans quelque puissante demeure de la contrée.
La gardienne m'a proposé de retrouver la trace de son compagnon. En échange, elle promit une porte vers les Terres Joyeuses et maintes autres richesses.
L'hamadryade est une créature fort puissante, qui prospère aux vues de tous. L'absence de villes et d'églises proches ne lui a pas (encore) attiré l'ire des autorités séculières et du clergé. Cependant, il court de funestes rumeurs au sein de l'ordre: depuis la disparition de la Source, certains mages peu scrupuleux seraient prêts à tenter de passer des pactes avec la créature, voire à la capturer...
Les poutres venant du chêne renferment encore l'esprit de son frère, et veillent sur les maisonnées pour peu que celles-ci se prêtent encore à quelques coutumes païennes (offrandes et danses lors des nuits de solstice). Par contre, gare à celui qui essaierait de brûler le dit bois, il invoquerait une terrible colère végétale... D'ailleurs, une des fermes les plus anciennes vient d'être détruite par la foudre (surnaturelle), et le bois a été récupéré par des paysans...Peut être des Mages seront ils témoins (et acteurs) d'une terrible tragédie...(l'esprit peut s'emparer de tout le bois mort alentour et l'animer, sous des formes terrifiantes et meurtrières).
La Peyro Signodo et le Tombeau de la Fage sont situés aux sommets d'éminences, couverts par les arbres. Ce sont d'antiques cercles de pierres, antérieurs aux oppidums de la forêt et qui constituent deux des plus puissants regio faeriques de la contrée. La végétation y est des plus denses et la progression des plus difficiles. Animaux et plantes faeriques y trouvent leur sanctuaire. Seuls les élus des fades connaissent les chemins, les autres y parviennent s'ils sont dans un état d'esprit propice. Il peut arriver que l'une des deux cours prenne un intérêt particulier à attirer un humain dans ses terres. Il s'agit souvent d'enfants ou de simples d'esprit sensibles à la magie de la forêt et aux puissances la gouvernant.
Il est possible de récolter du vis, mais il faut être alors dans les faveurs des Maîtres de ces lieux ou les apaiser par quelques offrandes. Toute prédation inconsidérée attirera sur le mage avide l'ire des Fades.
Bonhomme Bezu et l'igue de Bouyssouloum
Bonhomme Bezu, parfait cathare, de son état, habitait la Caune de Bouyssouloum, qu'il avait aménagé sommairement. Il vivait de peu mais surtout de la sympathie des châtelains de Penne d'Albigeois. Bezu tissait à l'occasion, cueillait fruits et champignons et vidait les ruisseaux alentours de leurs écrevisses dont il raffolait.
Ce sympathique personnage venait parfois à la Source, s'entretenir de théologie, avec mes maîtres. Et bien qu'il affichait l'austérité qui sied aux ministres de cette foi, il avait un faible pour l'eau de vie de fraise des bois que raffinait Roger de Verteplanque.
Ces visites donnaient lieu à d'homériques discussions où il essayait de nous convaincre de l'inanité de ce monde, oeuvre du Diable, l'âme seule relevant de la part de Dieu. C'était un véritable dialogue de sourds, entre les suivants des Fades, enracinés et attachés aux beautés de l'existence et ce Parfait, prêchant le renoncement et la dualité profonde de la Création, niant la magnificence de la Nature.
Jeune, je ne fus pas convaincu par les arguments de ce Cathare et je reste dubitatif quant à une religion, qui dans l'absolu, préconise la mortification la plus totale pour échapper au cycle naturel des naissances et de la mort. Se priver des joies de la chair au nom du salut de l'âme est par trop chrétien.
Il faut reconnaître toutefois à ces gens leur tolérance et leur honnêteté. Ils ne tuent pas les animaux. Si les gens d'Eglise étaient comme eux, les paysans ploieraient moins sous leur joug et surtout, des hordes d'envahisseurs ne déferleraient pas sur nos terres en arborant la croix du pur amour chrétien.
L'existence des Fades posait à Bezu une énigme théologique de taille. Où les classer dans son système dualiste ? Cependant l'apparition inopinée mais fréquente de lactaires impudiques à l'odeur plus que charnelle et délétère le confortait dans sa catégorisation. Il avait dû offenser quelques petites fades par ses razzias systématiques sur les endroits à champignons de la forêt.
Bonhomme Bezu et l'igue de Bouyssouloum
Les grottes et igues de Grésigne se comptent par dizaines de dizaines. Certaines ne sont que des excavations à la profondeur limitée, d'autres sont plus étendues et s'enfoncent loin dans la terre, sous la selve et le causse.
Ces grottes témoignent de la persistance jusqu'à une date récente des cultes de la Terre nourricière. Elles sont autant d'endroits où les hommes et les forces primaires du pays avaient commerce et renouaient les pactes anciens. Rares sont les habitants qui aujourd'hui se risquent dans ces dédales rocheux et obscurs. Ils savent qu'ils ont abandonné la foi de leurs pères pour le culte d'une divinité unique régnant dans le ciel et ne connaissant rien aux cycles de la vie & de la mort, aux secrets des arbres, des bêtes et des ruisseaux. Le clergé encourage cette défiance en qualifiant de démoniaques ces igues où l'on célébrait la vie. Toutefois, il est vraisemblable, qu'avec la guerre, les populations retrouvent le chemin des abris ancestraux.
J'ai visité certaines de ces grottes et suis descendu au fond de quelques avens, d'abord sur les ordres de mon maître, puis seul. Ces lieux sont désormais vides et le Petit Peuple ne se dévoile pas si facilement. Il est néanmoins impossible de ne pas sentir l'atmosphère qui imprègne ces lieux. Tout y rappelle la vie, tels ces dessins de femmes couchées côtoyant des juments gravides. Dans ces cavernes, je fis amples récoltes d'ossements d'animaux fabuleux et étrangers à la région que nous triions à La Source. Nous en retirions du vis mais aussi parfois de l'ivoire que nous troquions.
Certaines de ces grottes abritent des sépultures remontant, pour les plus récentes, aux temps des grandes invasions. Les ossements humains sont parfois mêlés à ceux d'animaux. Au coeur de la forêt, mon maître Roger Verteplanque trouva dans l'un de ces igues des pointes de flèches en fer faérique ainsi qu'une épée en bronze auprès d'un squelette humain.
Dans certains igues coulent des sources à l'eau fraîche, y compris en été. Ces grottes, quand elles sont facilement accessibles, sont sacrées et fréquentées par les habitants. L’église tend malheureusement à se les approprier, évinçant les douces ondines tutélaires. Il en est quelques uns qui sont suffisamment isolés pour abriter tout mage en quête de solitude et d'introspection.
Les noms de ces caunes sont nombreux. Ils reflètent leur passée ou l'un de leur caractère physique. Bonhomme Bezu habite l'igue de Bouyssouloum ; mes figures féminines se trouvent dans la grotte que les paysans nomment La Madeleine ; c'est dans la grotte des Barthasses que Verteplanque trouva ses artefacts faériques ; dans celle de Belaygue se trouve la font à l'ève verte ; juste au pied de la falaise où se perche le château de Bruniquel se trouvent ces antiques abris et lieux de culte...
En dernier lieu, un sort Rego Animal peut se révéler fort utile dans l'exploration de ces cavités. Elles sont parfois envahies de puces, ce qui est fort désagréable.
D'après un des rares manuscrit qu'il reste du mage Coppensus (un Bonisagus qui n'a jamais caché sa sympathie pour la maison Merinitas et qui finit par être accepté par ses pairs de la Source - il a disparu avec le reste des Merinitas), il vit encore dans certaine grottes reculées ceux qu'ils nommaient le "Peuple Frustre". Ce sont des créatures velus et fortement constituées qu'il prit au premier abord pour des trolls, mais qui s'avérèrent plus petites et surtout beaucoup plus animales. Très craintives, ces habitants des profondes grottes ne semblent pas posséder de pouvoirs féeriques, utilisent des armes rudimentaires, sont parfois menées par un chef que l'on distingue par des oripeaux mal dégrossis et puants. Interrogé sur ces animaux bizarres, les entités féeriques amies du Covenant en parlèrent comme des "protégés" des fades. Coppensus nota leur présence près de très forts regios féeriques. Il captura l'un d'eux mais son corps ne présenta pas de trace de Vis. Un apprentis de Coppensus disparut d'ailleurs lors d'une expédition et erre peut être encore dans un des regios.
Val du Rô
Môrts milanta cops morts, pas un ancian trobaire
A donat una votz dins un venjaire clam
Als senhes de Paureria e de la Mala-Fam
Vos liurant, corps e bens, al pasat demembraire
Pertot, en Terra d'Oc, vostre nom se solelha,
Confondut ambe l' nom del prat, del cibadal,
De la font e del riu, del bosc e del randal,
Mesclat à so que viu, que canta e que regrelha
Morts mille fois morts, pas un ancien troubadour
N'a donné une voix et une vengeresse clameur,
Aux seigneurs de Pauvreté et de la Male Faim,
Vous livrant, corps et biens, au passé oublieux.
Partout en Terre d'Oc, votre nom s'ensoleille,
Confondu avec le nom du pré, du champ d'avoine,
De la fontaine et du ruisseau, du bois et de la haie
Mêlé à ce qui vit, qui chante et qui repousse.
Loïsa Paulin, trobairitz
Le ruisseau du Rô trouve sa source au coeur des quatre dômes grésignois. Il serpente entre bois et combes pour couler dans un val large et ombragé dans la partie sud de la Forêt, près de la confluence avec la Vère. Ce val est resté longtemps l'un des endroits les plus agrestes de la Grésigne, avec ses champs aux teintes douces, ses haies constituées de mûriers et ses nombreux guigniers. Les paysans d'alentours y travaillaient la terre rouge et grasse le long du ruisseau. Les hivers n'y étaient jamais trop sévères, ni les étés trop caniculaires, comme ils le sont parfois chez nous ; fait plus remarquable encore, les oiseaux et autres rongeurs ne pillaient pas les champs une fois les semailles faites.
Ces quelques champs étaient sous la protection d'une Fade, qui se réjouissait du travail des hommes et des fruits que porte la Terre. J'ai participé quelquefois aux moissons, fuyant l'atmosphère confinée de la Source. Je me souviens d'un garçonnet à la tête couronnée de blés dorés nous contemplant, perché sur un guignier. Il se joignait aux paysans pour les repas et à la fête clôturant les moissons. Il repartait le soir vers les bois, disparaissant derrière une haie. Ces fêtes étaient joyeuses et peu chrétiennes. La Sagne y assistait ainsi que quelques paysans des fermes de la vallée, venus en cachette, honorer les récoltes et la terre. Celle-ci ne subissait pas dans le val du Rô l'outrage métallique du soc et de la houe. Les paysans prenaient bien garde à respecter les pactes et les coutumes d'antan, à laisser toujours une parcelle non moissonnée ou des fruits dans les vergers.
J'ai pu récolter parfois des fruits et des champignons comestibles de natures faériques qu'il fallait alors allouer soit aux laboratoires, soit à la cuisine. Je préférais la seconde option. Je suppose que depuis la soldatesque a dû saccager les récoltes, porter le fer en ces lieux et forcer les filles de ce vallon... Notre Dame des Bois
La chapelle de Notre Dame des Bois s'élève à flanc de colline, sur la frange ouest de la forêt, à quelques lieux de la place de Puycelci. C'est un endroit charmant, l'église et son petit cimetière sont tapis au creux d'une clairière herbue, enveloppés par les arbres séculaires. La fondation de Notre Dame des Bois résulte d'un léger malentendu des tenant du Christ quant à une manifestation des Fades. Il y a de cela trois générations, lors de fêtes votives à Puycelci, une bande de galopins profita du tumulte du village pour suivre un curieux personnage dans la forêt, en fin de journée. Ce dernier, une fade au service du Sombre Veneur, tenta d'amener ces enfants à la Meute, cachée dans la pénombre des bois, surveillant la clairière. Les dogues, alors qu'ils se jetaient sur leurs proies pour la curée, furent interrompus par l'irruption d'une Dame du Beau Peuple et sa cohorte de servants. Ceux-ci mirent en déroute les mâtins de la Sombre Cour, sans pouvoir empêcher pour autant que l'un des bambins ne soit déchiré par les crocs des fauves.
Cette intervention inespérée permis aux enfants terrorisés de passer la fin de la nuit sous la protection vigilante de la Dame resplendissante. Celle-ci, en mal d'enfant, fut plus que câline et tendre, heureuse de susciter tant d'amour et de vénération. Au petit matin, les habitants de Puycelsi trouvèrent leur progéniture endormie dans la clairière où gisaient les restes sanglants de la petite victime. Apprenant les événements de la nuit et l'intervention providentielle de la Blanche Dame, ils décidèrent d'ériger une chapelle en ces lieux pour abriter la dépouille de leur rejeton et honorer la Sainte Dame salvatrice. Notre Dame des Bois fait partie de ces quelques lieux de culte chrétiens qui me permettent de dissocier le fond positif de la nouvelle foi de ceux plus sombres et malheureusement plus communs qui caractérisent l'Eglise. L'aura est faérique la nuit et chrétienne la journée. Cette dernière n'est en rien agressive. J'ai pu rentrer dans la chapelle sans me sentir mal à l'aise.
La Chapelle ne fut jamais l'objet d'attaque de la part de la Sombre Cour et il semble que la Blanche Cour ait eu à coeur de protéger l'endroit. Les curés n'ont jamais réellement occupé la clairière. Les offices ne sont célébrés qu'aux mariages, naissances, enterrements & à l'occasion de la messe commémorant l'intervention de la Blanche Dame. Les curés seraient d'ailleurs fort surpris de découvrir que leur église est habitée à l'année par une petite Fade facétieuse, qui prend soin de la bâtisse. Elle loge dans la tombe de l'enfant dépecé par la Horde. Sa conversation n'est pas des plus intéressantes. La Vallée de la Vère
La vallée de la Vère forme les marches méridionale et occidentale de la Grésigne. Elle marque la frontière entre les terres restées plus ou moins sauvages, laisssées en friche par la Rome impériale et les côteaux du Gaillacois et de Salvagnac, couverts par les vignes et les cultures. De nombreux villages et hameaux sont disséminés le long de son cours ou sur les hauteurs. Elle devient plus sauvage à l'ouest de la Forêt, où elle coule dans des gorges plus étroites, avant de se jeter dans l'Aveyron à Bruniquel. C'est une terre de contact entre les peuples de la forêt et ceux des plaines et des fécondes vallées plus au sud. De tout temps, dans les villages situés sur cette marche se sont effectués les échanges. Le vin et le blé contre le bois, le gibier et autres produits de la Selve. Il est symptomatique de constater que les églises se sont bâties en ces lieux, à l'orée de la forêt, avant-postes du Siècle dans cet antique pays.
Pourtant, le voyageur attentif pourra observer maintes pierres dressées dans les champs. Elles témoignent que le pays appartenait avant à la forêt et que celle-ci débordait sur les côteaux du Gaillacois. L'influence de la Grésigne se sent néanmois encore. La terre sur la rive droite est rouge et grasse, les ruisseaux à l'onde couleur de sang charrient en ces contrées christianisées l'essence du coeur antique de la forêt. Les paysans ne s'y trompent pas et se souviennent des Anciens Maîtres. Les flancs des collines abritent maintes grottes à l'histoire semblable à celles de la Forêt et du Causse. A Alos se dresse le Cayrou de l'Emperi, sous Castelnau, la grotte de Liversencq a longtemps abrité des cultes à la Terre...Entre le Verdier et Vieux se trouvent de nombreuses pierres levées ainsi que des champs où l'on trouve souvent des pointes de flèche en silex.
C'est un «gras» pays, dont les villages et hameaux sont depuis partis en fumée avec l'invasion. La population s'est enfuie ou a été dispersée. Nombreuses sont les ruines encore fumantes et les champs laissés à l'abandon. La soumission du pays par Montfort a été à ce prix, car même si les communautés de la Vère ne pouvaient tenir tête aux croisés, elles ont toutes résistées, du moins brièvement.
Les villages que sont Le Verdier, Vieux, Cahuzac sur Vère sont l'ombre de ce qu'ils furent en des jours plus paisibles. L'envahisseur a mis à bas remparts et églises pour que le pays ne soit pas tenu contre lui en cas de soulèvement, les maisons ont été brûlées. Pourtant, l'abbaye de Vieux, l'une des plus anciennes des Comtés de Toulouse et des Trencavel, où se tenaient les principaux pèlerinages de l'Albigeois, aurait dû être épargnée par ces fanatiques. Il n'en est rien. Ils n'ont même pas respecté les bâtiments consacrés abritant les reliques de Saints et de Saintes des temps passés.
Les chemins et les champs des vallées sont parcourus par des patrouilles à cheval fortement armées, qui tentent de contrer les embuscades et les attaques des «faydits» de la Grésigne. Le pays est entier livré à la guerre et à son cortège d'exactions et de massacres.
Les armées ont agi de même autours de Saint Marcel et dans la vallée du Cérou, bordant sur l'est le massif forestier.
La vallée du Cérou et la frange orientale de la Grésigne
Les eaux noires du Cérou bordent à l'est la forêt. Le terrain y est un peu plus accidenté et le sol moins fertile. Le Cérou est toutefois plus puissant que la Vère et les champs bordant son cours sont riches de ses limons. Cette contrée est plus largement ouverte aux influences extérieures car les antiques voies romaines passent dans le fond des vallons. Elles relient Cahors et Rodez aux basses terres du toulousain et de la Narbonnaise, à travers la Negre Montagne et l'Albigeois.
D'après le "Guide Septimus des lieux où le Mage Avisé trouve et contraint divers Élémentaires et Créatures idem" (édition 1212), les fanges noires qui bordent le Cérou sont habitées par des créatures connus des paysans sous le nom des "Noyeurs des Berges". Il s'agit d'élémentaires de la Terre, de la 3eme a la 5eme magnitude, qui se présentent sous forme de masses confuses et boueuses, d'un pied de long, dotés d'une tête sphérique sans traits particuliers et de multiples tentacules. Ces créatures entraînent au fond de la vase les paysans imprudents ou les bêtes qui viennent boire au bord de la rivière. Nulle intention maléfique ne semble les animer, si ce n'est (toujours d'après Maître Septimus) le fait de renouveler les boues et d'enrichir les limons. Mais ils n'en restent pas moins fort dangereux. Les Elémentalistes les invoquent souvent pour protéger les douves de leur Covenant. Pour en découvrir, il suffit de repérer les endroits évités par les bergers et les bateliers.
Tout autours de St Marcel, sur le causse blanchâtre, était cultivé la vigne. La Source y trouvait son clairet quotidien. En remontant vers l'Aveyron, par Marnaves et Milhars, seul le fond des vallées portait des cultures. Certaines crêtes sont trop arides, car le sol ne retient pas l'eau. Des moutons paissaient donc sur ces hauteurs. Le relief est complexe, composé de multiples combes et vallons, certains secs, d'autres humides. On trouve ici aussi grottes et pierres dressées. Certaines abritent des lépreux, repoussés en-dehors des villages.
Les châteaux et places fortes sont plus nombreux. Ils contrôlent chacun un tronçon de l'ancienne voie romaine et les accès à St Marcel, carrefour d'où partent les routes vers Albi, Toulouse et les terres au-delà.
A partir de ce lieu, l'Aura féerique n'existe plus, et l'aura du Dominion prend le dessus.
Comme la vallée de la Vère, la contrée de St Marcel a été durement touchée par l'invasion. Elle a été soumise une fois par l'envahisseur mais s'est soulevée dès l'annonce de l'échec des croisés devant Toulouse. Depuis, les barons du nord ont repris la situation en main. Ils ont réduit les villages et places fortes les uns après les autres avant de raser complètement St Marcel, épicentre du soulèvement. Les troupes du Comte Raymon ont tenté de les en empêcher, mais en vain.
Le bourg et les hameaux alentours ne sont donc plus qu'amas de ruines ; la population survivante est réduite à la plus noire misère. Elle paie au prix fort sa fidélité et son courage. L'occupation et la répression sont implacables.
La Vallée de l'Aveyron
L'Aveyron est la principale rivière de la contrée, vers laquelle courent toutes les eaux de la Grésigne. Elle coupe au nord les caussses par une vallée encaissée et tortueuses aux paysages grandioses et émouvants. La Selve vient se réfléter dans ses eaux, les arbres sont accrochés aux parois abruptes et plongent, pour les plus chanceux, leurs racines dans l'onde. C'est un vieux pays, occupé depuis des éons par les hommes et les Fades. Le fond de la vallée et les combes des affluents sont autant de lieux paisibles et verts, même au plus fort de l'été. Les prés et champs partagent à la forêt la terre fertile. Des flancs des causses et des falaises sourdent maintes fontaines et s'ouvrent des igues.
Ce n'est plus tout à fait la forêt, c'est une marche où se mêlent les influences des terres traversées et draînées par la rivière. Il est vrai qu'il fut un temps où la forêt couvrait totalement ces paysages. Ce temps est révolu et les fades qui habitent ces lieux, même si elles reconnaissent l'autorité des Cours de la Grésigne, ont leurs propres buts et préoccupations. Elles sont plus agrestes et ont côtoyé, par le passé, les hommes plus facilement.
L'Aveyron décrit donc moultes méandres, force son cours à travers la roche. Son lit est dominé tout le long de son périple par l'impressionnante corniche des causses. De celle-ci, la vision qui s'offre sur les multiples amphithéâtres et cirques, que la rivière a creusé depuis que le monde est jeune, est magnifique. L'eau se joue de la roche, elle disparait dans le sol pour réapparaître ailleurs. Les résurgences de la Loutre et des Vipères, les fontaines pétrifiantes de la Founplejo aux rochers moussus et aux arbres séculaires sont des lieux enchanteurs où les forces de la Terre et de l'Eau se conjuguent. Les flancs des causses couverts par la végétation et ces fontaines sont encore habités par les Fades, qui veillent sur le pays et ses trésors.
Je me souviens de la jeune paysanne que capturèrent les Templiers de la commanderie de Vaour aux abords de la résurgence des Vipères. Ils l'accusèrent de diablerie pour avoir été surprise entourée d'une multitude de vipères, d'orvets et de couleuvres à qui elle donnait des bols de lait. Ces barbares lui firent subir l'ordalie et l'envoyèrent brûler à Albi pour sorcellerie. Je n'ai pu rien faire, car étant trop jeune et peu expérimenté dans les ars. Il en résulta que cette année là nombre de bestiaux, de paysans et d'enfants furent mordus par les reptiles. Les prêtres n'y purent rien, les Templiers eurent beau bénir la résurgence, l'été fut funeste. Il fallut qu'une autre jeune femme se mette à nourrir les serpents au printemps suivant pour que cessent ces accidents.
La résurgence de la Loutre me rappelle notre source à Louvaillac et ses renards loquaces, car je me suis entretenu quelques fois avec une vieille loutre à qui j'apportais du poisson. Elle m'expliqua en ses termes les jeux de l'eau, de la végétation et des rochers. Elle était amère car ses enfants sont pourchassés par les hommes pour leur fourrure chaude et épaisse. C'est elle qui me donna ce goût de plonger dans les sources à l'onde claire et froide. La première fois, je la tîns tout contre moi pour respirer sous l'eau.
La Dame Blanche de la Fontanelle est la Numina de l'Aveyron. La résurgence portant son nom l'abrite et elle est l'objet de la vénération des femmes de la vallée. Au printemps, dès que les fleurs poussent innombrables dans les prés, les champs, les bois et la rocaille, elles s'en viennent en jeter de grandes brassées dans la vasque moussue. Elles prêtent à la Dame Blanche le pouvoir d'accorder bonheur et fertilité dans les choses de l'amour. Les femmes y viennent à l'occasion des mariages et des naissances, demander sa bénédiction. La Dame Blanche ne se montre qu'aux femmes, m'a dit La Sagne. Sa vision serait même funeste pour les hommes. La résurgence du Capucin, à quelques distances, aurait été le théâtre d'un drame digne d'être chanté par les Troubadours. Un jeune moine de noble naissance de l'Abbaye de St Antonin se serait jeté dans l'ève car éperdu d'amour, après avoir contemplé la Maîtresse des Eaux
Certains Mages de la Vert Source ont déclaré que la Dame Blanche ne serait absolument pas une Numina, mais un Dragon, qui comme Sidgaard, dans les lointaines contrées du Nord, ou la Nuit est éternelle, veille sur les lignées de femmes a qui il remet le savoir de la magie de l'Amour. Dame Leila de Grunemberg déclare d'ailleurs avoir rencontre Sidgaard lors de son retour vers sa terre natale. Ysarn (voir la Geste d'Istaritz) est la dernière mage a l'avoir rencontre et n'a pas éclairci le mystère.
Ce terrain accidenté offre de multiples cachettes, des fermes et des hameaux sont accrochés aux flancs des plateaux, certains se cèlent dans quelques vallons humides et fertiles, oubliés du monde. Vous pouvez être sûr alors que les habitants honorent toujours les Fades et les anciennes déesses tutélaires de la terre et de l'eau, car la Nature y est généreuse sans être dispendieuse.
Certains rochers isolés, qui surplombent la rivière abritent des autels solitaires et antiques. Tous n'ont pas été surmonté d'une croix, comme c'est le cas à Saint Antonin Noble Val et au Rocher d'Anglars. Au pied de ce dernier, sous les pierriers et dans les racines des chênes sessiles se trouvent d'antiques ossuaires, rappelant les grandes chasses des temps immémoriaux. Lors de certaines nuits, des spectres de chevaux, d'ours et d'autres créatures telles que nous n'en voyons plus dans notre pays par la taille et l'apparence, hantent les bosquets. Ils en veulent à l'homme, au pacte rompu, aux hécatombes inutiles, quand le feu brandi par les bipèdes les affolaient et les précipitaient dans le vide, vers une mort certaine.
Les Ossements que l'on peut trouver contiennent en quantité du Vis Animal, mais lorsqu'on les déplace, on emporte avec soi les fantômes qui leur sont attachés... La Source a vite cessé d'exploiter cette mine, mais il circule sûrement des potions et des objets qui provoquent de telles apparitions....
Les gorges de l'Aveyron sont disputées âprement à l'envahisseur par le châtelain de Penne. Montfort a réduit St Antonin et le seigneur de Bruniquel s'est rallié à la cause de ce maudit, mais le Rocher, tel qu'il est appelé depuis la nuit des temps, résiste encore et toujours. Il faut dire que le terrain se prête admirablement à une guerre défensive et d'embuscades.
Penne et son Rocher
Entre Bruniquel et St Antonin, le village de Penne et son château dominent l'Aveyron, perchés sur le rocher et la falaise vertigineuse. C'est la seule place forte de la région qui continue à résister victorieusement à Montfort. Sièges et assauts successifs des croisés se sont toujours brisés sur ses murailles et son rocher. Les dépouilles des envahisseurs ont jonché maintes fois les approches du château et du village.
Celui-ci est situé sur un piton isolé des plateaux avoisinants, dont l'ombre couvre la rivière et le chemin la longeant. Les croisés n'ont jamais pu installer de machines de guerre à portée des remparts, comme ils l'ont fait dans d'autres places malheureuses pour en détruire les défenses et les occupants par un bombardement intensif. Le rocher, les maisons, l'église aux murs aveugles et le château, couvrant le sommet du piton, forment un formidable ensemble défensif, que l'on peut découvrir du causse du Magrou. Une seule rue s'élève vers le château, sinuant entre les maisons. De multiples portes et chicanes rendent la progression d'un ennemi qui aurait réussi à pénétrer dans le village particulièrement sanglante et coûteuse.
Penne est devenu le coeur qui anime la résistance dans la région. Les faydits de Grésigne y trouvent appui & abris et joignent leurs forces pour des embuscades sanglantes dans le pays. Les châtelains de Penne se battent avec d'autant plus de détermination qu'ils sont acquis à la foi cathare. Ils abritent quelques parfaits et parfaites, dont Bezu, qui ont échappé aux bûchers. Adelaïs de Penne, dont la beauté fut chantée par les Troubadours et par Jourdain, vicomte de St Antonin, serait elle même une parfaite,.
Son mari, Guilhelm de Penne est animé d'une volonté implacable et d'une haine inextinguible contre l'envahisseur et le traître châtelain de Bruniquel. Les archers de Penne, depuis leur muraille, ont semé la mort dans les rangs de l'ennemi. Montfort juge depuis avoir trop perdu de monde dans de vains assauts et a abandonné le château, entouré d'un cordon de sentinelles et de patrouilles sensé l'isoler. Rares sont les envahisseurs souhaitant être assignés à cette mission. Pas une nuit ne passe sans que l'une des sentinelles ne soit retrouvée égorgée et les embuscades dans les combes et la forêt sont quasi quotidiennes. Le château est ravitaillé convenablement, d'autant plus que les seigneurs de Penne sont riches du butin des croisades en Terre Sainte, où Jeoffroy de Penne accompagna le Comte Raymon V.
Au pied des falaises errent encore les âmes en peine de ceux qui sont tombés sans que la foi ne les guide ; les routiers, marauds et autres chevaliers avides de richesses occis en ce lieu, sont punis en le hantant jusqu'à sa chute et sa bénédiction. Leurs lamentations sont parfois audibles dans les nuits venteuses, et l'on raconte que leurs doigts immatériels et glacés ont déjà fait choir plus d'un assaillant qui n'était pas noble de coeur. Les Chevaliers plein de foi et morts au combat, ainsi que ceux qui se sont joints à la croisade avec ferveur et piété voient aussi leur départ pour les terres de Lait et de Miel retardé. Leurs âmes sont chargées de servir d' «anges gardiens" aux survivants les plus méritants. Nombres de chevaliers ont raconté comment une voix les a prévenus au dernier moment de l'embuscade qui les attendait...
Les paysans alentours ont trouvé refuge au village ou dans les endroits secrets de la contrée. Ils cachent leur bétail dans certaines grottes du Causse et dans quelques coumes isolées où les Français ne se risquent pas.
Me rendant dernièrement à Canimont récolter le vis, j'ai parcouru sur mon bâton la contrée pour en constater la situation. J'ai été surpris par une patrouille de Penne, conduite par un forestier accompagné de mâtins, et emmené au château pour y être interrogé. Je dois la vie au vieux Bézu qui me reconnut. Sans lui, j'aurai dû employer les Ars ou ils m'auraient passé au fil de l'épée. La garnison y est forte et aguerrie, constituée d'hommes, pour la plupart n'ayant plus rien à perdre. Je ne me souvenais pas, fait improbable, qu'une fontaine coulait dans l'enceinte du château. La moindre parcelle de terre végétale arrachée au rocher est lourde de fruits et de légumes, les clapiers et poulaillers plein de nourritures sur pied.
J'aperçus Adélaïs et sa fille, à l'ombre du noyer, dominant le vide et la vallée. Elles étaient en compagnie d'un chevalier à l'armure resplendissante. L'on me conduisit devant Guilhelm de Penne, où Bezu prit ma défense. La mention de La Source changea l'attitude du seigneur, dont le regard se fit pensif et scrutateur. Il manda deux personnes, le chevalier et le forestier. Ils restèrent tous trois à me dévisager, les deux derniers arrivants avec morgue et ironie. Guillaume prit alors la parole, parlant en termes clairs et précis de la nature des habitants de La Source ainsi que des Cours de la Forêt. Il me demanda de confirmer ou d'infirmer ses dires, me traitant au passage de sorcier et d'engeance des Fades, ce qui l'amusa beaucoup, lui et ses deux compagnons. J'en restais coi et interdit, il finit par demander si j'étais fidèle à mes origines ou si j'avais aussi trahi, comme tant d'autres...
Je n'eus pas le temps de répondre, il se tourna alors vers les deux personnages en retrait. «Défendras tu la Dame de Louvaillac et honorerez vous le pacte quand les porteurs de croix attaqueront ?», me demanda le chevalier. Je finis par balbutier un oui, commençant à deviner la nature des deux combattants. Cette réponse sembla lui suffire. «Ta place est ici, dit le forestier, parmi nous, avec tes cousins et tes frêres.» Je ne répondis pas et finis par baisser le regard. Ils quittèrent alors la pièce et je restais seul avec Guilhelm. Celui-ci me posa des questions sur la situation à l'ouest de Toulouse et l'attitude de notre baronnie. Il en vînt à aborder la position des sorciers et se demanda tout haut, plus pour lui-même qu'autre chose, pourquoi une telle puissance restait hors de la bataille. Je ne répondis toujours rien. Il finit par conclure que le pays était avec lui, malgré les lâches et les velléitaires. Il me congédia et me signifia ma liberté de quitter Penne quand je le souhaiterai.
Je retrouvai alors le vieux Bezu. Celui-ci m'expliqua, que lorsque Saint Antonin tomba et que l'on apprit la trahison de Bruniquel, alors que les armées de Montfort approchaient de Penne pour en faire le siège, le chevalier et le forestier, accompagné de deux dogues, parurent aux portes du village. Ils dirent venir de la forêt, pour se battre contre l'envahisseur. Les sentinelles les firent entrer sans discuter et les introduisirent auprès de Guilhelm.
Depuis, le château résiste et reste telle une écharde douloureuse dans les lignes des Français. Le chevalier a fait maintes fois preuve de sa vaillance lors des assauts croisés, défendant la porte, tranchant, taillant l'ennemi. Il conduit les raids de cavaliers, secondant Guilelhm. Il semble jouir d'une chance insolente, qui profite à ses compagnons d'armes. Le forestier n'a cessé de conduire des embuscades sanglantes et victorieuses contre l'occupant, s'illustrant par sa sauvagerie, sa ruse et sa perversité. Avec quelques hommes, il sème chaque soir la terreur chez les sentinelles ennemis et ramène de sanglants trophées. Il s'en prend aussi aux gens d'Eglise étrangers à la terre et à ceux qui ont trahi. Les hommes disent qu'il est tel une bête, sentant l'ennemi et utilisant à merveille le terrain et les armes de la nature.
Les villageois s'étonnent de ne jamais les voir aux offices religieux ou en compagnie des saints hommes cathares. Les combattants les traitent tels des seigneurs, parlant du Blanque Cabaliers et du Senher del Neyre Coumo.
Les Cours de Grésigne se sont donc impliquées dans la guerre des hommes. Elles jugent que le pays et sa nature profonde sont menacés par l'invasion. C'est surprenant et logique à la fois. Le Rocher de Penne est, depuis la nuit des temps un lieu sacré, qui commande à la contrée. L'apparition d'une source au sommet de ce rocher aride, l'arrivée des deux émissaires et les succès militaires de Guilelhm de Penne en sont les preuves tangibles.
Si l'envahisseur et ses mages normands venaient à découvrir la nature de leurs ennemis, cela prendrait des proportions titanesques. Car les légendes parlent d'autres créatures, gisant profond sous les causses, qui n'ont jamais pardonné aux hommes leur ascension et leur appropriation de cette terre. Guilelhm, en s'alliant aux Cours de la Forêt; leur a donné une prise ténue sur ce monde, mais qui pourrait s'accroître, si les évènements venaient à s'emballer.
Je n'en parlerai pas à mes compagnons, ni à ceux de l'Ordre, désormais divisé entre envahisseurs et envahis. Nous avons été lâches dans notre refus d'assumer notre part du fardeau, je ne vois pas pourquoi maintenant nous empêcherions ceux qui se défendent de mener leur combat jusqu'à son terme. D'ici là, le sang continuera à couler. Vaour et sa commanderie des Templiers
Le village de Vaour est situé à la lisière orientale de la Grésigne, sur une hauteur. Il a été épargné par la guerre du fait de la présence d'une importante commanderie des Templiers. Celle-ci est située à l'entrée du village et domine la route vers Gaillac. A proximité des bâtiments de la commanderie, le voyageur attentif découvrira un rocher taillé de multiples rigoles et de cupules, qui servait au culte de l'eau, avant l'évangélisation du village.
Les Templiers de Vaour ont toujours eu une attitude ambigüe par rapport à la contrée et à ses mystères. Nous les soupçonnions, à La Source, d'avoir quelques vagues idées sur notre existence et sur celles des Fades. Ils n'ont jamais tenté cependant d'entrer en contact avec Roger Verteplanque et sont restés relativement mesurés dans leurs tentatives d'éradication des anciennes croyances. La présence du rocher à quelques dizaines de pas de leurs écuries en est un témoignage, comme celle du dolmen à l'hamadryade, orienté vers le soleil couchant.
Etait ce parce que certains des frêres étaient originaires de la noblesse de la région ? Je n'en sais rien. Il semblerait qu'ils se tiennent aussi à distance respectable des combats autours de Penne. Cela ne les a pas empêché de traquer certaines incursions des Faydits sur les routes traversant leur territoire.
Puycelsi
La place de Puycelsi domine la Vère et son cours étroit, sur la frange occidentale de la forêt. C'est une puissante forteresse, dont les deux enceintes ont tenu un instant en échec les armées ennemies. C'était aussi l'une des villégiatures préférées du Comte Raymon.
Puycelsi est perché sur un petit plateau, bordé de toute part par des à-pics inabordables, adossée à la Grésigne. Un château vient compléter ces défenses. Le plateau est percé de maintes grottes et boyaux qui communiquent avec le village. Les combats y ont été particulièrement sanglants.
Plus jeune, cet endroit représentait mon lien avec la civilisation, car étant plus proche de La Verte Source que Saint Antonin. Je me souviens avoir courru dans les ruelles et les passages autours du château, avec d'autres enfants, pendant que Roger Verteplanque concluait ses affaires. Les maisons du village étaient charmantes, et l'on sentait, quand la paix régnait, l'influence de la forêt toute proche. Cette bastide reste celle de la douceur de vivre, comparée aux rochers austères que sont Penne et Bruniquel.
Larroque
Larroque est situé sur la Vère entre Puycelsi et Bruniquel, dans un cirque naturel. Les belles maisons ocres du village se fondent dans la falaise le dominant. Celle-ci est percée de multiples grottes peu profondes, habitées depuis la plus haute antiquité.
Au sommet de la falaise se trouve, orienté plein sud, un vieux cyprès accroché à la roche par de multiples racines noueuses. Dalmas Rochemaure, Troubadour et Mercere, de son état, y rencontra son destin.
Je vous parle de ma jeunesse, 20 années avant le tournant du siècle. Il avait l'habitude de passer à La Source, de s'y reposer après ses périples. Il composait alors ses cansos et nous en avions la primeur. Il allait souvent dormir l'été sous ce cyprès, car le vent jouant dans ses branches l'inspirait. Et plus d'une fois, il nous revînt avec une nouvelle mélodie, un nouveau texte conjurant de magnifiques visions, qui lui permettrait de briller ultérieurement à la Cour d'Amour de la très belle Adelaïde de Burlats.
Mais un soir, à la fin de l'été, nous le vîmes revenir le teint cireux, les yeux rouges et complètement silencieux. Verteplanque tenta de le faire parler, mais rien n'y fit. Lui, le compagnon si prompt à la fête, à la boisson et au chant, ne décrocha pas un mot à mes maîtres. Il prit congé le lendemain sans donner d'explication. Alors qu'il franchit la porte de La Source, il se tourna vers moi et m'intima l'ordre de ne jamais dormir sous le cyprès de Larroque. L'arbre était devenu malfaisant, le monde fou.
Nous apprîmes une semaine plus tard qu'il se jeta dans le vide à Larroque, le soir où il nous quitta. A posteriori, je devine les visions qu'il eut sous l'arbre séculaire.
Ce cyprès a toute une histoire ; ses racines remontent jusqu'au temps ancien où les Romains, alors maîtres du pays faisaient en haut de cette colline parler les oracles en lisant dans les entrailles des oiseaux. Mais bien avant leur arrivée, déjà, ce lieu servait aux divinations, le futur se dévoilant dans des entrailles humaines...
Nourris par le sang, le lieu garde une atmosphère unique... Une aura magique légère y est même perceptible (+1) au crépuscule. Toute personne usant de talent de Divination, grâce à ses dons innés ou à la magie Criamon reçoit un bonus de +5 à ses jets. Le cyprès n'est pas magique en soi, mais ses branches font un excellent focus (+5) à tout les sorts de divination comme à ceux relatif aux rêves. De plus, une personne qui dort sous l'arbre a 20% de recevoir une vision relativement claire du futur à venir. Un événement funeste sera presque toujours annoncé.
Saint Antonin Noble Val
Saint Antonin est une riche et belle ville, située à la confluence de la Bonnette et de l'Aveyron. Elle est nichée au creux de la vallée, sur la rive gauche de la rivière, en face de l'héroïque falaise du Roc d'Anglars. Une barque, guidée par deux aigles, porta les reliques du martyre Antonin en ces lieux, autours desquelles Festus bâtit une abbaye et un tombeau.
De multiples rigoles où coulent les eaux de la Bonnette et des sources alentours parcourent la ville. Elle bénéficie de la présence de deux abbayes dans les environs immédiats, qui font vivre un nombre important d'artisans. Elle profitait, la paix régnant, des flux de voyageurs et de marchandises entre les pays du Tarn et ceux des plateaux et collines plus au nord. Des vignes et des cultures couvraient le versant sud du causse dominant la ville.
Un vicomte représente l'autorité féodale et le pouvoir des Comtes de Toulouse. La population s'administre cependant elle-même à travers des capitouls, élus au sein des familles bourgeoises et des artisans aisés. Ces derniers ont amassé une certaine richesse, accrue par les privilèges accordés à la ville et par son relatif isolement, la mettant à l'abri des guerres entre féodaux. Le vicomte précédent, s'est semble t-il désintéressé de la gestion au quotidien de la ville pour se consacrer à l'art du Trobar. Il trouva la mort au combat, au grand déséspoir de la Dame de Penne, qui embrassa alors la foi des Patarins.
La cité est dominée par l'église et le palais féodal, dont le beffroi rivalise avec le clocher. Les défenses étaient avant la croisade en bon état, mais peu imposante par rapport aux nids d'aigles que sont Puycelsi, Penne ou Bruniquel. La Source achetait à Saint Antonin la plupart de ces fournitures, y compris les parchemins et autres ustensiles pour le laboratoire. Il y avait aussi un herboriste fort renommé, qui travaillait avec un médecin venu d'Ibérie, rompu à la science médicale des Maures. J'ai croisé à quelques reprises ces deux personnages dans la forêt ou sur les causses.
L'influence des abbayes sur la ville était tout autant limitée que celle du pouvoir féodal. Les deux entités prospéraient en harmonie, les moines exploitant les terres et les nombreux troupeaux de moutons. Grandselve était d'une fondation ancienne, remontant à la première évangélisation de la région. Elle avait eu le temps de croître et de s'enrichir ; elle était un lieu de savoir au nord est de Toulouse. Les frêres de noble naissance y menaient donc grand train et elle accueillait un grand nombre de cadets de hobereaux locaux.
Pour notre malheur cette abbaye abrita un temps en son sein la vipère qu'est Arnaud Amaury. La ville a tenté de résister à Montfort mais ses défenses ont été enlevées par les marauds et les routiers qui l'ont mise à sac. Les bâtiments religieux n'ont pas été épargnés et le Vicomte Adémar Jourdain a été jeté dans un cul de basse fosse à Carcassonne.
Le tombeau de St Antonin possède une forte aura divine (+4). Certains documents de la Verte Source, maintenant perdus, racontent que les aigles qui ont conduit la barque du saint seraient des émanations angéliques, et qu'ils auraient été parfois aperçus volant de concert. Ces créatures formidables sont entourées d'un halo que seul le juste peut supporter. Un texte religieux, anciennement conservé à l'abbaye prophétise la venue d'un juste Chevalier, qui sera entouré par les ailes des oiseaux et qui "chassera le Malin de ces terre, triera le bon grain de l'ivraie et sera le digne représentant de Michel sur Terre".
On raconte qu'Amaury aurait récupèré le parchemin, et penserait que Montfort est le dit Chevalier. Les Cathares, quant à eux, voient en ce personnage leur Sauveur et plusieurs groupes des deux camps parcourent les cimes arides des montagnes alentours en quête du "Nid d'Airain" où vivent les oiseaux, pour les capturer. Certains mages de la Source supposaient qu'ils pouvaient encore vivre non loin de là. Un groupe du Covenant captura même un jour un aigle blessé de taille inhabituelle; cette créature paraissait douée d'intelligence et capable de communiquer avec les Sodalis, mais elle mourut avant d'avoir été ramenée a la Source. Sa nature n'était pas Féerique et encore moins Divine, et son corps contenait une bonne proportion de Vis. Faisait-il parti d'un groupe plus important vivant dans les Montagnes? Nul ne le sait. Mais la Source disparu en laissant ce mystère, un de plus, irrésolu.
Des rumeurs pourront être surprises par le Mage de passage... Il y aurait au château Vicomtal un aigle capturé par une patrouille avancée, et des messagers auraient été envoyés de toute hâte à Carcassonne, où réside Amaury...
Bruniquel
Le village fortifié de Bruniquel et son château est situé à la confluence de la Vère et de l'Aveyron, perché sur la falaise à-pic. Situé sur au croisement de différents camins, les seigneurs de Bruniquel ont toujours prélevé de fortes taxes pour le passage des hommes et des biens. Ils se sont souvent battus avec les féodaux voisins à ce sujet. Un fortin est placé à flanc de falaise, en face du village, pour contrôler les accès entre la vallée de la Vère et celle de l'Aveyron.
Le château aurait été fondé par la reine Brunehaut. Il abrite désormais le baron Beauduin, seigneur occitan acquis à la cause des envahisseurs et fidèle laquais de Montfort. Ce baron est de toute les opérations des Français, il a livré ce château aux croisés et en est devenu l'occupant. Une forte garnison y est en place, qui rend la reconquête de la place par Raymon impossible.
Appendices
Foi et Catharisme Si l'envie vous prend d'emmener vos joueur folâtrer en pays occitan, voici quelques observations quand à l'interaction entre la religion cathare et la magie.
Aura:
La religion cathare a pour fondement que le monde matériel est, en gros, mauvais. Seule l'âme de chacun est le vrai reflet de Dieu. Les Auras qui existent en pays cathare comme ailleurs ne sont donc pas attachées à des lieux physiques mais à des personnes. Bien sûr, les auras ne se déplacent pas avec les individus, mais leurs présences est nécessaire pour que l'Aura soit active. Voici un barème des auras que l'on peut rencontrer:
* +1: village peu croyant, ferme très croyante, maison d'un parfait novice. *+2: village très croyant, maison d'un parfait irréprochable, ville relativement croyante (Carcassonne, Moissac) *+3: Lieu de vie et de Réunion de plusieurs parfaits. *+4: Concentration de Parfaits et de population croyante (Montsegur en 1240)
La Magie utilisée en de telle zone est altérée mais de façon variable selon les Formes utilisées. Plus la Magie a rapport avec le monde terrestre et physique, plus la Foi l'empêche de fonctionner. Pour connaître le malus, on multiple l'Aura par les valeurs suivantes:
Terram, Corporem, Animal X3 Aquam, Mentem, Herbam X2 Auram, Ignem, Imagimen, Vim X1
Point de Vrai Foi.
La Vrai Foi caractérise les gens les plus pieux. Les Parfaits en particulier, à force d'ascèse et de contrition peuvent en posséder selon le même ratio que les ecclesiastes romains.
Un individu non-Parfait ne possède quasiment jamais de point de Foi, car selon son dogme, son existence elle même est corrompue par le monde matériel. De plus le principe de Relique n'existe pas, toujours pour la même raison.
Alors qu'un prêtre peut octroyer momentanément une protection à, par exemple, des croisés lors d'une bénédiction, un parfait ne peut réaliser de telle cérémonie. Il peut, par contre, lors d'un entretient individuel, accepter de "prendre pour lui" les péchés d'un individu, si celui ci est suffisamment sincère. Celui qui se confesse ainsi possède alors l'équivalent d'un, voire deux ou très rarement trois points de Foi, selon la sainteté de son confesseur et sa propre repentance. Ces points sont conservés jusqu'au prochain "péché" du confesse (acte de chair, consommation de viande...). Un tel personnage est alors protégé de la magie de même manière qu'un croisé ou un saint homme. La protection varie pourtant selon la magie utilisée: un point de Foi octroie 10% de chance de résister a une manifestation magique, multiplie par le même modificateur que les Auras:
Terram, Corporem, Animal X3 Aquam, Mentem, Herbam X2 Auram, Ignem, Imagimen, Vim X1
Cependant, Tout dommage ou entrave évité par le biais de cette Foi est "transféré" sur le Parfait qui a confesse, sous forme de niveau de Fatigue, voire de Vie.
Ex: Raoul est surprit par le Baron de Prouillac, fief cathare notoire, en train de compter fleurette à la Baronne . Le Baron revient d'un long entretien spirituel avec Bonhomme Bezu et donc possède l'équivalent d'un point de Foi. On considère que le fief a une aura de +2, les habitants de Prouillac étant relativement pratiquants. Le Baron décide de rosser l'indélicat et Raoul, bien plus malingre que le Noble se voit obliger d'utiliser sa magie pour échapper à ce mauvais pas. Le Baron tient en main un gourdin, que Raoul essaie de retourner contre lui avec un sort de Rego Herbam. Il subit un malus de -4 [ 2 (aura) x 2 (Herbam) ]. Il réussit par chance son jet, et le bâton frappe le baron pour lui infliger 5 pt de fatigue. Le Baron a 10 x 1 (point de Foi) x 2 (Herbam) = 20 % de chance d'être protégé... Le Baron réussit son Jet, et bâton l'effleure juste. Par Contre Bonhomme Bezu, en méditation, sent soudain sur lui de façon brutale le poids des péchés du monde, et perd deux niveaux de fatigue. Ayant cédé au pêché de colère et de violence, le Baron perdra son point de Foi dans les heures qui suivent, et Raoul se frottera le dos avec l'Onguent apaisant du Père Fenelon.